Fin de partie= ANTITHEATRE ?
L’anti théâtre ne serait-il pas le théâtre par excellence ? Quand il n’y a plus de dialogue, d’action de personnage finalement il ne reste que le théâtre
Adorno= crise du théâtre « le théâtre ne peut pas prendre uniquement l’absence de sens, les composants du théâtre apparaissent ici après leur propre mort, ils reviennent comme une autopsie du théâtre »
PREMIERE PARTIE= Les règles remises en cause
a) l’action=
La tragédie est une représentation d’une action noble menée jusqu’à son terme, le plus important est l’agencement des systèmes (linéarité et progression), dans fin de partie= discontinuité de l’action p13= les grains s’ajoutent au grain un à un »= les fragments du sketch du cirque ou music hall + caractère répétitif, itératif gage de sa circularité (motifs de forme ronde= le zéro, les roues, les roulettes, les couvercles, les bonbons, la boite de calmants) = Aristote
L’action doit avoir une certaine étendue, la fable doit être composée suivant la taille d’un bel animal= juste mesure, c’est celle qui embrasse un retournement de fortune= le passage du malheur au bonheur (comédie) et vice versa dans la tragédie
Dans fin de partie il n’ya aucun retournement de situation, drame statique « quelque chose suit son cours »= le passage du drame traditionnel au drame moderne correspond à un passage du drame dans la vie (retournement de situation) au drame de la vie (toute la vie, la vie comme un drame)
Enfin l’action doit être menée à son terme= dans fdp= soit la pièce n’a pas de fin soit la pièce commence par la fin, le dénouement a eu lieu= la catastrophe est inaugurale
b) les personnages=
Fin de partie témoigne d’une crise du personnage= les personnages de fin de partie souffre d’une crise d’identité= ce qui garantie l’identité d’un personnage c’est le nom propre= dans fdp= surnoms, « des moignons de nom » Adorno, aucuns des personnages n’apparait entier= ils sont atrophiés, mutilés, des gisants debout, des figures intermédiaires, ils sont représentés également comme dépossédés de leur humanité= davantage des objets= Clov fait trois petits tours comme une marionnette (p82), Nagg et Nell= animaux
Ils n’existent que dans un rapport de dépendance, de complémentarité comme si ils étaient les deux faces d’un même personnage= Hamm est aveugle, l’autre voit, l’un ne peut pas se lever, l’autre ne peut pas s’assoir etc Dans ces couples il y a une réversibilité des rapports, les rôles s’échangent p78= « pousse plus loin », p 82 c’est Clov qui reprend cette même réplique
Clov fait figure parfois de bourreau p 92 (l’heure du calmant : il n’y a plus de calmant)= symptôme et facteur de la crise du personnage
Dans le théâtre normalement les répliques sont liées, il y a une cohésion, ce qui est mis à mal c’est l’enchaînement du dialogue, il n’y a pas de coconstruction du dialogue
P82= les répliques de Hamm et Nell ne se répondent pas il y a deux circuits de communication, Clov est une figure du mauvais interprète= p58 « alors elle s’est éteinte », p 85 « elle doit être bien calme » d’où la colère de Hamm qui demande quelque chose, p77 « laisse tomber » Clov laisse réellement tomber les objets
Au lieu de répondre aux répliques de Hamm, Clov en conteste les présupposés, le dialogue avance à reculons
DEUXIEME PARTIE= La mise en place du JEU
Fin de partie= destruction du drame mais mise en place du théâtre
Dialectique entre le geste et la parole= les jeux de mots procèdent d’un jeu de scène p41 « si je pouvais le tuer je mourrai content » « quel temps fait-il ? (tuer le temps) », p 81 « la mer et la marée » « va voir si elle est morte » et il va voir si Nell est morte
C’est souvent la contradiction entre la parole et le geste qui fait sens= j’ai à faire et je te quitte
P94= « Tu n’as pas vu cet escabeau ? »= elle s’adresse à un aveugle
Le sens naît pour le spectateur entre une dialectique qui est créée entre ce qui l’entend et ce qu’il voit
Le fonctionnement de la pièce mise essentiellement sur l’exploitation du décor, des accessoires= lunette, chien, escabeau, sifflet, fauteuil= les objets relancent la pièce quand elle s’essouffle
De plus les corps infirmes= nécessaires au jeu : parce que Clov est infirme et aveugle que Clov est obligé d’accentuer ses gestes
Le fonctionnement de fdp= les clowns, le clown travaille avec rien : il travaille avec les ressources qui émergent de lui= théâtralité de fdp : le théâtre se montre pour ce qu’il est= il trahit l’illusion mimétique= p14,100,110, 27, 47, 53, 78, 100, 43 + rideau et mouchoir (ref du théâtre)
Ce qui se donne à voir c’est moins une fiction que le rituel du théâtre